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��GEORGE MEREDITH

(1828-1909)

Si l'art de Meredith passa souvent pour her- métique et fermé, ce n'est pas tant à sa manière ou à la qualité de sa pensée qu'il convient de s'en prendre qu'à l'étrange difficulté que devant lui notre admiration éprouve à se justifier. Un Stevenson, un Conrad, un Hardy, par la franchise et le vif de leur action, évoquent d'eux-mêmes en nous les mots qu'il faut pour les louer ou définir: l'œuvre de Meredith, au contraire, semble se faire un jeu de dissimuler ses ressorts et, si profondé- ment qu'elle nous atteigne, n'admet pas la critique à décomposer les éléments de son impérieuse autorité.

En quel cadre faire tenir cette complexe et mobile figure, par quel jugement résumer l'im- pression qu'elle fait sur nous ? Les moyens les plus disparates et qu'on a le moins coutume de rencontrer côte à côte, chez lui non seulement se mêlent, mais se coordonnent, collaborent et s'ajustent à souhait pour mieux éluder la classifi- cation qu'on voudrait imposer. C'est peu de dire,

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