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LE CLASSICISME ET M. MOREAS 497

fait gloire d'imiter les Grecs... Mais quand je me reporte à ceux qu'ils imitaient, ou qu'ils préten- daient imiter, je trouve un primitif, Esope, le plus audacieux des classiques, Euripide, un alexandrin, Théophraste. Et quand je cherche ce qu'ils leur doivent, je ne rencontre que généralités vagues, comme "la fable", "la tragédie", des titres bien plutôt que des réalités, et quelques scénarios de pièces.

Remarquez que Racine, de nos classiques le plus grec, n'a "imité" les Grecs (si j'ose dire) que trois fois dans la maturité de sa carrière : Andromaque, Phèdre et Iphigénie. Il a créé de toutes pièces, Bérénice et Britannicus, Bajazet et Mithridate, Esther et Athalie. Que si je confronte ses trois " copies " et leurs modèles, il faut bien l'avouer, je n'y rencontre aucune beauté analogue, ni dans la conception, ni dans le déve- loppement, à peine dans le détail. Je me trouve en présence de deux expressions d'art absolument dissemblables, un équilibre français et un équilibre grec. D'une part la concrète et lyrique trilogie grecque, couronnée légèrement de son drame satyrique. D'autre part les cinq actes progressifs, exclusivement nobles, un peu oratoires, un peu abstraits, de la tragédie française.

Et que dirions-nous, si nous parlions main- tenant de Molière et de la Fontaine ?

Imitation des " Anciens " ! Nos auteurs y

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