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LE CLASSICISME ET M. MOREAS 493

Et vive donc le classicisme ! — Il y eut un malen- tendu.

Combien de fois, depuis dix ans, opposâmes- nous ici et là dans des articles, ce neuf et vivant équilibre à un art d'archaïsme et d'imitation ? Plus nous parlions, plus il semblait que le mot gagnât en faveur, en puissance, mais hélas ! aux dépens de sa profonde signification. Du jour au lendemain on réveilla les antiques formules. Stan- ces, tragédies pullulèrent... Le " classicisme ' renaissait.

Les pauvres tragédies ! les mornes stances ! Comme tout cela nous inquiéterait peu, comme nous laisserions mourir tout cela, mourir — ayant vécu à peine — si nos pseudo-classiques n'avaient pas pour soutien, pour néfaste encouragement l'exemple d'un vrai poète que nous admirons tous — et qu'il faut cependant combattre... J'ai nommé M. Moréas.

Aussi bien, aurais-je retardé encore l'instant de cette extrémité pénible, si dans son Enquête de la Phalange " sur une littérature nationale ' M. Henri Clouard, en louant immodérément ma réponse, n'avait paru me rendre solidaire de ses malheu- reuses conclusions. Il écrivait :

" J'aime à relire la page exquise où M. Henri Ghéon explique que tous les peuples de l'Occident se touchent en nous, se fondent et s'équilibrent et que la France, la France spécifique est réalisée au

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