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GEORGE MEREDITH 48 I

valeur toute locale, ce sont circonstances d'art, sans plus. Mais que ces hommes, ces temmes demeurent eux-mêmes jusqu'au bout, ne le cèdent en rien à leur instinct et acceptent avec ardeur le sort qu'ils se font de leurs propres mains, voilà qui lui importe, l'échauffé et provoque en lui cette jouissance spirituelle dont il apparaît enfin de compte que son œuvre toute entière ne fut que l'occasion et le complaisant instrument.

Que d'un si subtil animateur, prodigue et con- certé à la fois, certains aient voulu faire un pessi- miste, on ne saurait assez s'en étonner. Rien de moins accessible en vérité à n'importe quel système philosophique que cet impressionnable tempéra- ment que requiert et séduit tout empirisme du cœur. Si l'attitude qu'il prend au milieu d'un récit le pourrait quelquefois faire passer pour fataliste, ce n'est pas qu'il voie un destin in- exorable peser sur l'humanité, mais tout bonnement que, dramaturge qui réunit dans sa main les fils de son intrigue, il ne peut tenir d'exprimer tout haut la joie qu'il éprouve à voir ses pantins se soumettre docilement et sans hésitation aux exi- gences de sa conception. Une fois de plus, à ce trait significatif, Meredith laisse voir qu'il ne travaille que pour lui. Et qu'est-ce encore que cette rhétorique qui souvent l'encombre et paraît l'arrêter, sinon la trace visible, l'épanouisse- ment même du contentement qu'il trouve dans

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