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LE MÉTIER AU THEATRE 323

même, nous nous refusons à concevoir une dissociation factice entre l'art et le métier.

A vrai dire, pour nommer le talisman mys- térieux que les auteurs dramatiques croient s'être approprié, ce n'est pas : le métier qu'il faut dire, mais : la formule.

" Nulle nature ne produit son fruit sans extrême travail, voire et douleur. " (liernard PalissyJ,

Le métier est ce travail de la personnalité en lutte avec ses propres acquisitions, l'art sur le fait de la création. Il est encore cette " longue patience " du génie.

On dit d'un peintre (pourquoi ne le dirait-on pas aussi bien de tout artiste ?) qu'il possède " un beau métier ". Et, pas plus qu'on ne louerait un écrivain de son ortogra- phe correcte, un poète de son mètre juste, on ne songe à priser ici le savoir-faire de l'école, mais une méthode originale, une nou- veauté que le peintre a tirée de son fonds et qui n'a de valeur que par lui, unique parce qu'elle est personnelle.

Le métier, si l'on rend à ce terme sa dignité, est ce qui distingue un artiste de tous les autres, — la preulpe de r invention.

La formule, au contraire, est ce par quoi toutes les productions médiocres se ressem- blent : la parodie du métier en sa décré-

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