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NOTES 393

vant pas le besoin de transposer les formes, montre une sorte de grâce ingénue.

J. S.

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ANDRÉ LHOTE.

André Lhote est encore trop jeune, partant trop immé- diatement inspiré par les maîtres qu'il s'est donnés pour qu'on ait pu, dans ses deux toiles des Indépendants, Neige et Jardin d'amour^ découvrir sa personnalité. Mais peut-être permettra-t-on à l'un de ses amis qui pressent sa valeur, d'attirer sur lui dès à présent l'attention. Je ne songe pas à dissimuler les influences qu'il subit ; mais je les prétends nécessaires. Ne sont-ils pas inquiétants les artistes qui refusent dès l'abord toute discipline et ne consentent pas à se conquérir lentement, voulant ignorer que certaines docilités choisies sont à toute éducation indispensables ? — Lhote a élu pour initiateurs, parmi les primitifs les Egyp- tiens et Giotto, parmi les modernes Gauguin ; et comme l'adoption des mêmes modèles fait se ressembler les atti- tudes, on découvrira en lui une parenté avec Girieud. Mais il ne faut pas que le plaisir de discerner leurs atta- ches fasse méconnaître ce que ces tableaux décèlent d'irré- ductible et de très précieuse originalité. J'y vois une alliance, rarement réalisée, entre la sensibilité fluide et enveloppante du dessin, et une certaine rigidité géomé- trique des formes. Les gestes les plus fuyants viennent se fixer et se consolider en des schèmes presque abstraits ; le mouvement de l'arabesque générale comme spontanément s'enferme dans la stabilité de contours idéaux. Ainsi la composition acquiert cet équilibre qui fut le secret des primitifs, et qu'il faut bien à tout prix retrouver au sortir de l'impressionnisme ; car la mobilité de la vie ne peut être représentée plastiquement que si elle est saisie au moment où elle expire dans les modèles parfaits et définis de l'éternel.

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