Page:NRF 1909 4.djvu/73

Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 387

mais celui de l'homme d'Etat au sens le plus élevé et le plus plein de mot, Soucieux de l'espèce, de sa santé présente et à venir, il peut se permettre de mépriser les petites conventions, les aménagements mesquins et les calculs ridicules des individus qui s'agitent dans la société avec tant d'importance, que c'est à croire que la société est faite pour eux. Ces petites gens s'apitoient sur leur propre sort. Or jamais M. Shaw ne prend un individu au sérieux. L'individu est la source de son comique, et la société de son pathétique. Pour les uns l'hu- mour ; pour les autres la sollicitude la plus sérieuse et la plus grave. Il n'est pas étonnant que, traitant des sujets familiers du théâtre, M. Shaw les ait ainsi renouvelés. Mais il faut le défendre contre lui-même quand il vante Dumas fils ou Brieux comme des maîtres... Il y a [chez ces derniers] non seulement un esprit de détail excessif, mais cette manie romantique qui considère l'exception comme seule intéressante. M. Shaw est classique encore en ceci qu'il ne s'occupe que de la règle. La question du mariage est autrement importante que celle du divorce... Sur la mer déchaînée des passions et des sentiments romantiques, il a versé toute l'huile d'une raison prosaïque à souhait; il a montré dams Candida comment une femme, si elle n'est pas folle, préfère un brave clergyman généreux, robuste et musclé, à un petit poète anarchiste, nerveux, grognon et passionné — quoique le premier soit son conjoint légitime et que le second s'offre pour amant... "

��LE JUIF POLONAIS.

Ce qui eût été routine aux Français est hardiesse à la Renaissance. Le principal rôle du Juif Polonais était bien fait pour tenter un acteur tel que Guitry, mais les qualités sans éclat de la pièce étonnent sur les boulevards, La psychologie du criminel, la manière dont un crime ancien motive encore chacun de ses actes et donne une orientation particulière à chacune de ses pensées, tout cela est de fort bonne observa- tion. Seulement n'allons pas jusqu'à dire avec M. Briscon :

" // y a, de par le monde, tant de réputations usurpées qu'on

�� �