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SUITE AU RECIT ... 357

aller à Rome pour rejoindre Tiberge et si je devais parler au P, supérieur pour m'aider de m'y rendre. Mais alors, n'était-ce pas réveiller, auprès des religieux, le scandale de mes déportements ? Dans le désarroi avec lequel toutes ces pensées mêlées se pressaient dans ma tête en se combattant, je heurtai les arbres et butai dans les chaises. Enfin, je tombai sur un banc prêt à m'abandonner à mon sort rigoureux et, s'il le fallait, à me laisser périr de douleur.

J'étais là depuis un moment quand une main se posa sur mon épaule et me tira de ma rêverie. Je levai les les yeux et vis avec stupéfaction une femme encore jeune et belle dont les traits ne m'étaient pas nouveaux et qui me souriait avec un certain intérêt. Cette femme prononça mon nom et je tremblai à l'entendre. Enfin elle prit place sur le banc à mes côtés. A peine l'eussé-je étudiée un peu plus que je reconnus cette fille que Manon m'avait envoyée dans le carrosse le jour où j'étais à l'attendre rue Saint-André-des-Arts pendant qu'elle partait avec le fils de G. M. — " Ma pauvre fille, lui dis-je, vous me rencontrez toujours dans le malheur. Eloignez-vous de mes pas, ils ne conduisent pas sur le chemin de la paix et de la fortune ".

Cette fille ne m'avait pas revu depuis le temps où j'étais encore avec Manon. Il semblait qu'elle éprouvât une espèce de honte à me questionner sur les suites de mes aventures ; il fallut que je l'instruisisse en peu de mots de mes malheurs. — " Mais vous-même, lui dis-je, m'avez-vous jamais quitté ce quartier de la ville? Y avez- vous encore entendu parler de G. M. et de son fils ? "

Je vis que cette question la piquait au vif car elle

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