Page:NRF 1909 4.djvu/31

Cette page n’a pas encore été corrigée

SUITE AU RÉCIT ... 34^

dans les ordres que nous risquions de trouver le repos auquel nous aspirons avec tant de force tous les deux ".

Il se leva au même moment. Le repas était fini ; il remit son manteau, en tira une bourse assez pleine et me l'offrit comme un témoignage nouveau de son amitié, — " Partez dès demain pour Paris, me dit-il. Allez à Saint-Sulpice. On y professe un grand respect de Dieu ; le nom de M. Olier guide avec une foi aussi vive que jadis l'esprit de ces messieurs. Allez, mon fils, allez ! En retrouvant Tiberge vous retrouverez un frère. Pour moi, mon enfant, je vais retourner à mes Pères. Mais, il me faut porter auparavant des commissions de Londres que j'ai pour Bruxelles. Nous nous reverrons à Paris et nous parlerons encore, mais en les déplorant, sur les aventures qui nous sont communes ".

A ces mots je me jetai au cou de l'abbé ; j'acceptai ses offres ; je lui jurai de le revoir bientôt et, c'est sous l'em- pire d'un espoir aussi doux, dans le bonheur d'une effusion si mutuelle et si vive, que nous nous séparâmes et gagnâmes nos chambres.

Toutes les émotions par lesquelles je venais de passer avaient douloureusement retenti dans mon cœur. Je ne m'endormis que fort avant dans la nuit, occupé de méditer sur la conversation que j'avais eue avec l'abbé, pensant à Manon que j'avais perdue, à Tiberge que j'allais revoir et à cette nouvelle vie à laquelle j'aspirais de tout le pouvoir des forces qui restaient en moi. Enfin le sommeil me prit; mais, j'étais si las et mes membres rompus aspiraient à un repos si grand et si prolongé que, quand je m'éveillai le lendemain au jour, le coche de Bru- xelles avait quitté le Lion (Tor^ emmenant M. l'abbé

�� �