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LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

remercierez en affirmant que vous n’avez vu rien de plus beau, et elles avoueront qu’elles les ont brodés elles-mêmes. Mais vous penserez, maladroite, que ce sont des couvre-pieds. Alors on fermera la ronde, et au cri d’embrassez-qui-vous-voudrez, toutes se précipiteront vers Amour qui recevra le baiser sur les lèvres pour le rendre du même élan et épargner ainsi du temps. À Limoges, vous mangerez des galettes de sarrazin dans des porcelaines a raies rose et vert. À Bellac, entrez, je vous prie, dans la maison où je suis né et, du second étage, vous devrez reconnaître bon gré mal gré que c’est bien la plus belle ville du monde, à cause du mail à colonnades ou jouent les filles d’officiers et du château Marmontel d’où Madame de Bégorce, dans une hotte, se faisait porter chez le procureur, son amant, par des domestiques fidèles. Puis, à Poitiers, de la promenade Blossac, dont vous aurez gravi les deux cent cinquante marches de marbre, d’onyx et d’or, vous verrez notre lune, sur le ruisseau aux écrevisses, glisser à reculons ; vous écouterez les chiens de garde se dire leur fait, les grenouilles coasser et coasser, croyant remonter le jour pour le lendemain, et alors, mes amis, Ipous saurez ce que c’est que le soir.

Au premier Dimanche, nous vous marierons. Toi, Amour, immortel dauphin, tu te blottiras aux bras de ta chaste épouse ; un luthier jouera les airs les plus charmants ; Ipos appartements auront des glaces où l’on ne se voit pas, pour que chacun se donne sans savoir son prix ; des pendules qui sonneront à la fois, pour