226 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
lui. Son esprit se refusait à l'activité machinale qui assure aux " féconds pourvoyeurs de la scène française " fécondité, gloire et profit.
On peut aussi justement reprocher à M. de Porto- Riche de n'avoir produit que deux ou trois pièces. La tare d'infécondité sied bien aux créateurs originaux. Sur l'œuvre de ces rares impuissants vivent des générations de plagiaires et de pasti- cheurs. Il y a plus d'abondance dans Amoureuse ou dans La Parisienne, que dans la totalité des drames et des comédies qui encombrent notre scène. Un chef d'œuvre suffit. La vertu de Henry Becque, comme celle de Georges de Porto- Riche, est de s'être interdit, dès qu'ils eurent pris conscience d'eux- mêmes, les œuvres superflues.
" Il ne faut pas provoquer la production d'œuvres superflues quand il y en a tant de nécessaires qui ne sont pas encore accomplies... Car il n'y a que les œuvres extraordinaires qui soient utiles au monde. "
On pourra trouver ce jugement sévère pour notre époque.
Il est de Gœthe.
J. C.
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On a eu grand tort de ne pas prêter au discours de récep- tion de M. Francis Charmes toute l'attention dont il était digne. Il est plein de tours heureux et de mots réussis. On y voit M. Renan pousser " un joyeux alléluia " et par ailleurs porter " un coup de couteau décisif. " Il nous apprend qu' " il a fallu à la nature plus de quatre-vingts corps simples pour organiser le monde minéral ", mais qu'en revanche, les éléments constitutifs du monde animal et végétal sont beaucoup plus rares ". Le style de M. Charmes, il est vrai, n'est pas exempt de certaines négligences. Il parlera ainsi " de remplir le but complet de la science," ou des corps qui " ont les uns pour les autres des affinités différentes ", ou encore à propos de la première rencontre de Renan et de Berthelot, il écrira " qu'ils ont senti qu'ils apporteraient un élément heureux
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