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49^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

qu'il avait trouvé en la personne du baron de Choulans un nouvel et plus digne objet d'enthousiasme, il s'était cavalièrement comporté avec lui, mais sans y mettre aucune mauvaise intention. En l'invitant bon dernier, il le traitait en voisin de peu de conséquence avec lequel on ne se gêne pas. Quant à la question Davèzieux et à la question Tourneur, il ne s'y était pas arrêté une minute. Sa haine contre les Davèzieux était tombée en même temps que sa passion pour les habitants de Longval. Et du moment qu'il jugeait M. et Madame Tourneur susceptibles d'être admis chez lui, il estimait que leur présence ne devait incommoder personne. Le marquis de Champdieu en continuant à les voir depuis le fameux accident ne les lui imposait-il pas en quelque sorte ? Où irait-on enfin si l'on devait entrer dans les considérations de Pierre et de Paul ? Il n'y aurait plus de réceptions possibles.

M. Tourneur avait du reste, à sa grande surprise, décliné son invitation, de même qu'il déclinait toutes les avances qui lui étaient depuis quelque temps prodiguées avec un empressement un peu louche. Etait-ce de sa part sauvagerie, fierté, rancune ? Ou bien savait-il à quoi s'en tenir ? Quoi qu'il en soit, le visage de mon père s'illumina, quand celui-ci eut appris de M. Servonnet que la famille Tourneur n'avait pas paru à la fête.

— Cela m'eût étonné, dit-il énigmatiquement, que Tourneur consentît à passer par cette porte-là.

M. Servonnet, toujours fidèle à Longval, où par ailleurs les visiteurs se faisaient de plus en plus rares, y tenait l'office de gazetier. Autrefois, mon père l'écoutait avec impa- tience ou inattention ; maintenant, devenu curieux de ce

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