Page:NRF 1909 12.djvu/57

Cette page n’a pas encore été corrigée

UNE BELLE VUE < 479

tante ". Madame Davèzieux, qui n'avait pas craint de prendre elle aussi la plume, s'y était pareillement sali les doigts : elle donnait la mesure de la malice féminine dans une lettre écrite à maman. Elle allait jusqu'à traiter celle-ci de " bonne " à cause de sa manie des nettoyages. Mon père, lui, avait été admirable. Alors qu'une légitime indignation le possédait, que sa bonté et son honnêteté foncières se révoltaient contre des procédés ignominieux et méchants, qu'il souffrait plus que nul autre avec sa sensibilité d'une délicatesse maladive, il ne s'était pas oublié un seul instant. Ses réponses étaient d'une dignité, d'une mesure, dont on n'aurait su trouver de plus parfaits exemples. Mais une telle attitude, en lui conférant dès lors et incontestablement le beau rôle, avait dû éveiller dans la conscience de ses adversaires le senti- ment de leur vilenie et les avait déchaînés plus que tout le reste.

XIV

Puis, le long flot montant de l'existence quotidienne passa et submergea les traces de ces pénibles incidents. Le calme revint peu à peu. La question semblait vidée. M. de Chaberton, qui aurait pu apporter à la maison un ferment d'effervescence, disparut complètement de notre horizon. Lors de sa dernière visite à Longval il avait tellement agacé mon père que celui-ci, tout en s' étonnant un peu de sa disparition, ne parut pas la regretter. Il n'avait d'ailleurs jamais fait partie de nos relations urbaines. Nous le vîmes toutefois pour un quart d'heure à l'époque du jour de l'an. Contrairement à l'attente générale, il ne

�� �