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LE CAHIER NOIR 473

Des brumes, ce matin, flottent sous les ombrages, La lumière m'invite et j'erre, toute une heure, par les chemins glaiseux, sur le plateau. Je digère la fraîcheur, j'aspire... je joue avec moi-même. Et je voudrais sentir mieux, connaître ma sensation, rendre une note juste...

Hélène est demeurée. Au retour, je lui parle du ciel, des nuages bas sur la colline. Et, tout à coup : " Ne raconte pas ! dit-elle ; je n'y puis plus aller ! '

Pourquoi l'avoir prise, avoir sevré de sa jeunesse, à cause de mon amour, celle qui porte désormais, à mes côtés, la plus lourde charge de la vie ?

Jadis, marchant sur la plage, elle ne pensait qu'à moi...

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��Je la connais si bien qu'en entrant ce matin dans la chambre j'ai lu sur son visage endormi qu'elle souffrait.

Pour la première fois depuis sa délivrance, elle a eu peur de la vie, ce matin. Elle s'est levée, elle a marché dans la maison. La vie est là, qu'elle avait laissée, qui la reprend. L'appréhension de tout ce qui doit être fait. Le sentiment des devoirs nou- veaux, plus nombreux et plus difficiles. La charge de la vie aggravée, — la tristesse maternelle... Hélène ! que puis-je pour toi ?... Je la fatigue de questions...

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