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CHARLES BLANCHARD 45 I

temps il se consolait à la pensée qu'il ne s'asseyait que pour un instant.

Charles Blanchard s'habitua de bonne heure à l'idée que chaque jour, lorsqu'une heure sonne, toutes les femmes de France ont le devoir de raccommoder leur jupe.

11 arrive parfois que c'est à la place du genou ; d'autres fois à la place de la hanche, ou bien dans le bas : dans le bas par devant, dans le bas par derrière ou dans le bas sur les côtés. Mais il arrive toujours qu'au dernier moment elles disent :

— Enfin j'y laisse. Je ne sais pas pourquoi j'essaye. Il vaut mieux y renoncer.

Elles ont du reste des ennuis avec la couleur de la laine.

Il était pourtant une fois arrivé à la mère de Charles Blanchard, chez Rondreux, l'épicier, de découvrir une pelote qui avait bien fait son affaire : c'était une pelote qui était restée en montre au soleil pendant tout un été.

Charles Blanchard finit par savoir que les petits enfants devraient bien passer tout de suite après la jupe de leur mère et qu'ils auraient besoin comme elle qu'on les suivît, qu'on les vît de près, qu'on les réparât un peu, parce que quelque chose n'est plus à sa place dans leur tête. Pour lui, il attendait jusqu'au bout que l'heure de la jupe fût passée, mais il disait alors :

— Maman, je m'ennuie.

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