Page:NRF 1909 12.djvu/122

Cette page n’a pas encore été corrigée

Cette cendre est semée sur tous les poèmes de M. Porche. On peut regretter qu’elle ne soit pas toujours brûlante. D’ailleurs lui-même voudrait bien échapper à cette tristesse un peu ennuyeuse. Il cherche au loin la solitude. Il va en Russie, et y fait ses meilleurs vers :

O cosaques, comment avec un pareil nom
Avez-vous cet aspect jeune et si peu farouche

��Le chant que vous chantez arrondit votre bouche.
Et toutes les fureurs de meurtre et de débauche
Ont quelque chose en vous d’innocent et de pur.

��Je ne sais pas distinguer si ce que j’aime est ce qu’on va lire ou bien la voix des enfants du pays de Moussorgsky ;

De quel timbre léger, fin, comme ciselé
A vibré cette voix d’enfant dans l’air gelé f
Le silence en paraît plus grave : la Nature
Ecoute longuement une chanson si pure.

Oh ! dites, si durant tant de jours, sur l’isba
Et le palais doré tant de neige tomba,
C’était pour étouffer, pour contraindre à se taire
Tous les démons, tous les vilains bruits de la terre,
C’était pour effacer les empreintes de pas
Que laissent tous les pieds des méchants ici bas...
Et pour que rien enfin ne subsistât, rien d’autre
Rien du monde ancien, rien des hommes d’hier
Que cette voix d’enfant dans la paix de l'hiver ?

En somme rien de décidément fort, ni de décidément neuf. Dans les vers même que j’ai cités, il y a souvent des défaillances. Mais des parties estimables, beaucoup de bonne volonté, une réelle noblesse d’intention, parfois un peu de vraie tendresse.

On a lu ici la Tombée du jour dans une capitale.