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326 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

nade qu'il y faudrait faire, mais un séjour. S'il a perdu en affirmation, il a gagné en qualité peut-être. De cette évolution il ne faut ni se plaindre, ni trop se hâter de se réjouir.

Henri Ghéon.

��HANS VON MAREES.

En une solide préface, l'éminent critique J. Meier-Graefe, organisateur de la rétrospective Hans von Marées au Salon d'Automne, présente au public français celui qu'il appelle " le plus grand " des artistes allemands. A d'instructifs renseigne- ments biographiques, M. Meier-Graefe joint de compétentes appréciations techniques sur la manière de von Marées. Et, ce qui est plus précieux encore, il s'efforce de nous introduire, de nous initier, par de fortes raisons morales et historiques, au culte de cet artiste. Faute d'une pareille introduction, il est vraisemblable que nous n'eussions pas été portés par notre propre mouvement à attribuer à von Marées, dans l'histoire de l'art européen au 19^ siècle, la place qui lui appartient. C'est au point de vue allemand que M. Meier-Graefe soutient sa cause. Parlant du Bain de Diane, il écrit : " C'est d'un peintre. On en voit rarement chez nous. Il y en a qui ont appris le métier ; jamais les qualités spécifiques du peintre ne se trouvent à l'état inné, spontané chez nos artistes qui tiennent le pinceau. Même en remontant aux plus anciens, on ne trouve pas le don de l'expression proprement picturale dans les instincts de la race. L'Allemand est d'abord narrateur, nouvelliste, il l'est même quelquefois avec humour, comme Menzel ; quelquefois avec fantaisie comme Bôcklin ; quelque- fois avec esprit comme Liebermann. Le peintre vient toujours après, pede claudo, pour exécuter ce que l'autre a imaginé. Le fait que, dans toute esthétique allemande, on traite l'idée et la forme comme deux choses bien séparées, est la meilleure mar- que de cette particularité germanique. On n'avait jamais vu à Munich de peintre tout court, capable d'improviser avec le

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