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UNE BELLE VUE 3I9

— Des ennuis ! quels ennuis ? demandait mon père. Ah ! vous êtes étonnantes, vous autres femmes ! Des ennuis, et puis après ?... Il me semble que l'inconvénient dont je me plains compte déjà suffisamment. S'il faut choisir entre la mauvaise humeur des gens et ma tran- quillité chez moi, je n'hésite pas. S'il plaît à des voisins grinchus de m'en vouloir, libre à eux ! Ils se mettront dans leur tort. Ils savent parfaitement que je n'agis pas avec l'intention de leur nuire.

Comme à de pareils sophismes, sa femme s'obstinait à n'opposer que le silence, il se planta devant elle et ajouta péremptoirement :

— Mon droit est d'ailleurs incontestable. Tout le monde me donnera raison. M. Servonnet...

— Oh ! Monsieur Servonnet !... murmura maman.

— Soit ! Mais Chaberton ! Lui aussi m'approuve absolument. Il n'a pas l'habitude de parler pour ne rien dire, et c'est, je pense, un homme de bon sens.

Ma mère leva sur lui des yeux où se peignait la stupéfaction le plus profonde. Quoi ! son mari parlait-il sérieusement lorsqu'il mettait en avant le bon sens de M. de Chaberton ? Il fut piqué par ce regard qui adressait uo reproche à sa palinodie, et reprit sèchement :

— Chaberton a ses travers, c'est entendu. Cela n'em- pêche pas qu'il soit capable de juger sainement des choses, et surtout quand elles sont claires comme le jour. Au surplus, acheva-t-il en explosion, peu m'importe que l'on m'approuve ou que l'on me blâme ! Si je ne suis plus le maître chez moi, il ne nous reste qu'à déguerpir et à mettre la propriété en vente.

Vendre Longval ! La perspective de cette épouvan-

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