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3l6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

— Je me soucie bien de Chaberton !

— Charmant garçon, et qui vous apprécie extrême- ment. Il ne jure plus que par vous. Tenez, l'autre jour encore, il me disait...

— Eh ! qu'a-t-il besoin de tant parler de moi !... C'est fort aimable à lui, mais enfin il m'amuse avec ses lubies. Voilà plus de dix ans que nous nous connaissons, et il m'a découvert cette année...

Comme on parlait du loup, il surgit en personne, escorté de son élégante famille. Les de Chaberton venaient nous faire leurs adieux, partant le surlendemain pour la mer. Je fus quérir maman et Marguerite.

Les dames réunies, mon père proposa à ces messieurs un tour de promenade. Ils gagnèrent l'allée voisine et y firent les cent pas d'un bout à l'autre. Ce ne fut pas seulement en ma qualité d'homme que je me crus obligé de les suivre. Je devinais que mon père grillait de recom- mencer son histoire, et je ressemblais à ces personnes qui redoutent la vue du sang et se précipitent néanmoins parmi les curieux aussitôt que se produit un accident.

Je ne me trompais nullement dans mes prévisions. Mais M. de Chaberton n'imitait pas la réserve de M. Servonnet, et " son cher Landry " eut tout lieu d'être content. Avec son exagération coutumière, il s'indigna, plus furieux que s'il eût été l'offensé. A son avis, " la chose dépassait tout; on n'avait idée de rien de pareil. "

— Somme toute, conclut-il, cela ne m'étonne pas autrement... Qu'est-ce que c'est que ça, Davèzieux ? Le fils d'un entrepreneur !. . . Vous êtes bien bon de prendre des gants avec du monde pareil !

Il fallait entendre de quel ton cet aristocrate disait :

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