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UNE BELLE VUE 299

trouvait à l'abri des regards, aussi bien que le bas des jardins jusqu'à la Sienne. On avait vraiment assez de place où jouir de son privé.

Ces arguments ne prévalaient en rien, malgré leur solidité, contre la thèse adverse. Mon père prétendait que la partie découverte était la seule qui fût saine et favorable à un exercice hygiénique. On s'y éloignait du voisinage de l'eau. On n'y était pas, comme sous les allées, exposé à subir la transition de l'ardeur du soleil au frais des ombrages. On n'y avait ni rhumes, ni douleurs à craindre. En un mot, c'eût été le seul endroit possible de Longval, s'y fût-on trouvé chez soi. Et voici que cet endroit-là n'était pas plus fréquentable que les autres.

Il ne manquait plus que cela !

��IV

��Un beau soir de juillet, nous nous étions tous, après le dîner, joints au chef de la famille. La journée avait été brûlante et laissait peser une torpeur sur la campagne. Dans l'air immobile des odeurs chaudes stagnaient, et l'on traversait des zones parfumées successivement par le tilleul, le seringa ou le foin des meules.

Mon père, qui était monté, muet et front bas, jusqu'à la porte de Saint-Clair, fit halte brusquement, jeta la tête en arrière et dit tout à trac, comme s'il se parlait à lui-même :

— Il faut en finir ! Cet hiver, je ferai planter le long du mur.

Maman tourna vers lui un visage effaré. Elle entrou- vrit la bouche, mais les mots ne vinrent pas.

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