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268 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

contre la culture ? Il y a bien encore quelques personnes, outre Péguy, qui lisent pour leur plai- sir, ou pour un profit tout intérieur. Nos maîtres, sans nul doute, lisent parfois ainsi. Mais ils dres- sent leurs disciples à lire toujours autrement. La culture, pour eux, va si bien de soi, que l'enseignement peut n'en pas tenir compte — au moins l'enseignement supérieur ; c'est la science seule qu'il doit promouvoir. A lancer dans les recherches spéciales des jeunes gens dont l'être spirituel est à peine ébauché, on risque d'amener un temps où Hamlet, Faust et les Pensées^ cessant d'être thèmes à méditation, ne seront pas lus sans le souci d'une influence à déceler, d'une filiation historique à décrire...

Qui juge ses alliés avec clairvoyance, peut juger ses adversaires de la veille avec une croissante indulgence, qui touche à la sympathie. Même si Péguy n'avait pas d'anciennes attaches avec Port- Royal, telle conversion dont il fut le témoin lui rappellerait que le catholicisme n'est pas, même à notre époque, uniquement le refuge des esprits faibles. Il suit Barres avec un intérêt qui dépasse la simple curiosité. Pourtant qu'on ne l'imagine pas hésitant, troublé dans ses convictions, et prêt aux palinodies. Ce critique de la Science — d'une certaine science actuelle — n'est pas, ne deviendra pas un mystique acharné contre la raison ; et la las- situde du libre-examen ne le poussera pas à souhai-

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