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��LES "CAHIERS" DE CHARLES PÉGUY.

��Nous avons beaucoup de critiques, à qui la rareté des chefs-d'œuvre laisse bien quelque loisir. Comment donc aucun d'entre eux ne m'a-t-il dérobé d'avance l'honneur d'un très beau sujet ? Je m'en étonnerais davantage, si je ne sentais en ce moment que cette riche proie est des plus résistantes, et des plus dures à forcer. Un Cahier de Péguy ne se résume pas, ne s'analyse pas comme un article de Brunetière, comme un essai de Paul Bourget ; une page de Péguy ne se laisse pas détacher comme une page d'Anatole France ; la personnalité de Péguy n'est pas de celles qu'on peut épingler d'une seule anecdote, définir en trois épithètes, classer enfin par genre et différence : Thymus vulgaris ou Felis ko. Il faut en faire le tour; il faut la prendre de loin, la suivre à travers son histoire; cette histoire même, pour la comprendre, il est presque indispensable de l'avoir un peu vécue. Péguy réclame à bon droit de nouveaux lecteurs, de nouveaux amis ; mais comme il risquerait de les déconcerter, s'il n'était tout d'abord introduit

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