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INTRODUCTION A UNE METAPHYSIQUE .... 255

universels planant d'un horizon jusqu'à l'autre. Au soir le soleil se laissait tomber entre les monts, et, longtemps encore après sa disparition, sa vaste main dépassait, écartée dans l'azur. L'homme, accoudé à la solitude comme à une barrière, recueillait dans la profondeur de son ouïe la naissance des voix nocturnes. Il entendait lœ distances, innombrablement peuplées, s'émouvoir peu à peu ; elles semblaient converger vers son cœur et s'y attacher ; chaque éveil le long du fil invisible s'y venait répercuter et en rythmait les battements. Et des lointains du ciel, de chaque astre, par le lait de la nuit voguait une anxiété voluptueuse vers son attente.

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��J'ouvre ma fenêtre sur la quotidienne matinée. On l'a faite pareille à toutes les précédentes. Son visage n'est plus qu'un chiffre ; il me suffit d'en détacher la feuille sur le calendrier. — Par des patiences et des méthodes le monde a été défriché de son existence. La science a réduit, assimilé, identifié, elle a partout inventé la répétition, alors que le réel est un jaillissement incessant de formes nouvelles, l'inépuisable assaut des spontanéités premières. Le monde, source toujours primitive et perpétuelle nais- sance, est devenu un total de substitutions possibles. Je le connais jusqu'au bout. Rendu pareil à lui-même en toutes ses parties, il s'est pétrifié ; car rien ne se meut qui ne se transforme pas. Une sève de glace raidit ses membres. Si nous prévoyons les phases stellaires, c'est que nous avons attaché les astres à nos instruments et projeté l'inertie

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