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INTRODUCTION A UNE METAPHYSIQUE .... 25 I

fête nocturne, qui se dénoue là-bas dans la lassitude de ses drames et de ses barques.

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��Le grand pays merveilleux ; ses avenues qui s'appro- fondissent, ses vallées et ses lointains au-delà de tous horizons prolongés; la fuite de cet espace vivant où s'avan- cer est comme écarter des bras la pure fluidité d'une onde. Ah ! plus que l'âme indéfinie, routes indécises et mou- vantes ! Passages, descentes, aisance surnaturelle des parcours ! Toute marche est comme une danse. Essors insensibles ; on ne s'aperçoit d'avoir quitté la terre que lorsqu'on plane déjà. Si grande douceur des mouvements dans cette vibrante profondeur qu'on les sent s'y dissoudre un peu et le corps s'y répandre. Enfin je vis en ce qui vit, je suis dans la même communion avec l'entour que le cavalier avec le galop de son cheval. Voici mon illimité domaine; je me reconnais. Je circule comme un ange à travers cette mouvante beauté.

Cependant, selon la naissance vertigineuse et immobile des fantômes, sur ma liberté voluptueuse se posent de muets périls. Il y a des saisissements mystérieux qui m'arrêtent sans que je sache par où l'on me tient, il y a des zones d'embarras où se multiplient les impossibilités, il y a un resserrement effroyable comme de parois, et de ridicules étroitesses objectent à mon passage leur ironie. Je suis circonvenu d'influences ; je ne peux me déplacer sans émouvoir mille souverains seigneurs que je ne connais pas. Sur tout un territoire pèse l'emprise d'un maître caché ; je fais des eflForts aussi lourds que des siècles pour parcourir

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