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��INTRODUCTION A UNE

MÉTAPHYSIQUE DU RÊVE.

A la mémoire de Jean-Arthur Rimbaud.

��Sous cette colline de ténèbres, sur ce talus qui s' effrite dans la molle rivière muette, des tréteaux oi!i se joue ma tragédie. Le ciel descend lourdement comme un balcon qui sombre sous les étoffes. Toute cette foule naine innom- brablement accroupie, s'ébranle par moments d'un rire minutieusement idiot et contenu. Je sortirai. — Le sombre courant sans remous où plongea la parade, se dissipe en vapeur ; un instant, flotte au travers, et déjà voici présente une plaine indéfinie, bossuée de broussailles qui sont des embûches, cernée d'un trait sanglant au ras du couvercle des nuages ; je tressaille, frôlé par l'un des assassins masqués qui rampent et convergent vers ce cri plus étouffé que la chute d'un corps sans vie dans le silence de tentures. — Aube lente, aigreur de la brise ; j'accompagne un pèlerinage menu, piétinant, inquiet vers je ne sais quel dieu très las qui siège derrière cet horizon. De celui que j'ai saisi par la manche auprès de moi, je fais le tour sans découvrir un visage. Il n'en a pas. Il n'est que l'arbre où je m'appuie pour écouter râler les dernières fusées de la

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