Page:NRF 1909 1.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
la nouvelle revue française

que l'esprit grec n'est pas une fleur sans tige et sans racines. Tout ce que la science nous apprend sur les conditions qui le précédèrent, sur les troubles éléments dont il se forma, contribue à mieux poser le problême de leur fusion et de leur harmonie. Mais qu'au moins ne s'opère pas un déplacement d'intérêt ! Quand Louis Bertrand souligne “l'intervalle considérable qu'il y eut entre la vie réelle de l'Hellène et l'idéal proclamé par sa poésie et son art,” c'est la vie réelle qui plutôt l'attire ; or pourquoi, séparée de l'art, nous toucherait-elle plus que celle du Bédouin et du fellah ? Si par contre nous cherchons là bas, en bons Occidentaux, une école d'art et de poésie, l'important serait plutôt d'apprendre comment fut possible ce que Nietzsche appelle ce pathos de la distance cette érosion des détails superflus, cette simplification géniale d'où naquit la plus pure beauté... Mais ce problème du Style, nous sommes loin de savoir le résoudre.

Car la perfection est chose plus celée.
Michel Arnauld.