Page:NRF 1909 1.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
la nouvelle revue française

pour ses apparences fugitives. Mais la faute n’en est pas à eux seuls : l’hellénisme de costume et de décor ne peut manquer de triompher davantage, à mesure qu’une culture insuffisante nous écarte toujours plus de l’esprit grec.

3° Il n’est pas donné à tout le monde de créer un nouveau poncif, et ce n’est pas à ce but que tend l’ambition de Louis Bertrand, mais l’aventure est de celles qu’on réussit surtout sans l’avoir fait exprès. Après avoir loué la méthode de nos classiques, les libertés qu’ils ont prises à l’égard du passé, notre auteur à son tour retouche l’hellénisme en un sens tout opposé, dans un esprit de protestantisme esthétique, — par là je veux dire : avec l’illusion d’un retour aux origines. Les corrections qu’il nous propose, dont plusieurs sont spécieuses et même, je crois, assez justes, pourraient bien devenir le principe de nouvelles, et plus graves déformations. Il légitime l’entreprise, il nous y pousse, il en prend d’avance la responsabilité. Lui qui d’abord, séparant l’art de l’archéologie, démêlait, parmi les formes et les idées antiques, celles qui peuvent vraiment s’acclimater chez nous, et s’adapter à notre goût moderne, voici qu’à présent il déclare : “L’archéologie a réuni une masse énorme de documents, elle a fait des découvertes décisives qui ont changé l’opinion des savants. Or, cette opinion n’est pas encore suffisamment sortie des petits cercles fermés de la