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l'image de la grèce
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et les grotesques des coroplastes, les élégies érotiques des Alexandrins, les Mimes d'Hérondas” nos contemporains inventèrent “une Grèce en terre cuite, après la Grèce de marbre et de bronze... un lupanar vaguement sacré, un jardin mi-voluptueux, mi-dévot”, en attendant que les fouilles de Crète suscitent “un hellénisme encore plus modern style”. Devant les romans grecs d'aujourd'hui, il songe “à ces reposoirs d'Adonis, que les femmes de Byblos et d'Alexandrie s'amusaient chaque printemps à décorer de fleurs et de menus objets”. “Nos gens, ajoute-t-il, abusent des nudités contre tout bon sens”.[1] Et l'on devine que sa mauvaise humeur contre les fictions d'Aphrodite l'empêche de savourer la délicate poésie des Chansons de Bilitis.


Mais comment enfin, délivrés de ces menteuses images, nous formerons nous une conception plus vraie ? Quelle méthode “plus réaliste et plus

  1. Très juste, mais voici la suite : “En règle générale, n'étaient nus que les athlètes lorsqu'ils luttaient... Le nu, dans la statuaire, est une pure convention. C'est une sorte d'idéalisation ou d'apothéose du type humain, considéré en état de gloire... Quant à la nudité des femmes, elle est extrêmement rare.”
    Là dessus on pourrait discuter. Thucydide (I, 6), rappelle bien qu'“autrefois, même dans les jeux olympiques, les athlètes, pour combattre, se couvraient d'une ceinture”. Mais pour expliquer la colère de la femme de Candaule, Hérodote (I, 10), juge nécessaire d'expliquer à ses lecteurs “que chez les Lydiens, comme chez presque tout le reste des nations barbares, c'est un opprobre de paraître nu”.