Page:NRF 1909 1.djvu/102

Cette page n’a pas encore été corrigée
98
LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

franchise est toute de leur côté, nous n’avons plus qu’à nous taire. Mais, pour peu que M. Bernard Bocquet soit soucieux d’ajouter à sa franchise un peu d’inquiétude, il comprendra qu’on ne se débarrasse pas d’un tel poëte simplement en ne le comprenant pas.

A. G.

Si M. Pilon avait intitulé. " Du sentiment de la Nature chez Francis Jammes ", l’essai subtil et nuancé qu’il vient de consacrer au poète d’Orthez, à quelle délicate discussion aurait-il pu donner lieu ! Ce serait sans doute un paradoxe de prétendre que ce qui fait la force et la vertu de l’émotion de Jammes en face de la nature, c’est que justement cette nature, il l’a inventée et que rien ne le touche qui ne soit conforme et approprié à sa sensibilité ou à ses ressources. Mais ce qui apparaît aride discipline intellectuelle dans le cas d’un Barrés n’est qu’impulsion chez l’auteur de Clara d’Ellebeuse, instinctive subordination, au tempérament, des images et des sensai’ons. Que Jammes, enfin, ait créé son univers, quel plus magnL’que éloge lui saurait-on accorder ? — M. Pilon au demeurant a intitulé son essai : Francis Jammes et le Sentiment de la Nature. Et dès lors, il n’est plus que de louer l’attentive ferveur avec laquelle il a décomposé les éléments de ce charme secret à quoi Jammes doit d’être entre tous "le Poète", dirions-nous, si d’abord il yen avait beaucoup d’autres et si de triompher sans rivaux ajoutait quelque chose à sa gloire.

A. R.

JULES ROMAINS : La Vie Unanime.

Je tiens ce livre de débutant pour un des plus remarquables et significatifs que nous ait donnés la génération qui s’élève.

La Vie Unantme, presque d’un bout à l’autre, est écrit en alexandrins — si l’on peut encore appeler ainsi ces vers haletants et spasmodiques... En réalité M. Jules Romains