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2 LE CARNET DES EDITEURS

Casanova : HISTOIRE DE MA FUITE DES PRISONS DE LA RÉPUBLIQUE DE VENISE QU'ON APPELLE LES PLOMBS 1 .

Casanova vieilli et qui perdait ses dents était sans cesse prié par ses visiteurs de leur conter l'histoire de sa fuite.

Il m'est arrivé cent fois, dit-il, de me trouver après le récit de cette histoire quelque altération dans la santé, causée, ou par le fort souve- nir de la triste aventure, ou par la fatigue soutenue par mes organes en devoir d'en détailler les circonstances.

Il prit le parti de l'écrire. « Je suis arrivé, ajoute-t-il, à un âge où il faut que je fasse à ma santé bien d'autres sacrifices. »

Trop d'écrivains écrivent par pur génie ; que ne doit-on pas espérer de qui écrit par faiblesse, ou par esprit de sacrifice ! Casanova connaît mal le français ; c'est une seconde raison de l'aimer ou d'attendre de lui des événements vrais, et non pas précisément faits pour l'écriture. Dans sa langue, que d'éclats et d'éclairs :

Vous verrez que je ne prétends rien ni par mon style, ni par des nouvelles et surprenantes découvertes en morale comme l'auteur que je viens de nommer (J.-J. Rousseau) qui n'écrivait pas comme on parle et qui, au lieu de décider en conséquence d'un système, il pro- nonçait des aphorismes résultant d'un enchaînement casuel de ses chaudes circonlocutions et non pas de la froide raison : ses axiomes sont des paradoxes taits pour faire éternuer l'esprit.

Bien des gens se figurent avoir lu l'Histoire de ma fuite, et qui se trompent. Ils n'en ont lu que la version remaniée, déformée par quelque professeur de Dresde, que l'on trouve dans les Mémoires. C'est l'édition de 1787, inconnue, peu s'en faut, en France, qu'a rééditée M. Ch. Samaran dans la Collection des Chefs-d' Œuvre méconnus.

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��1. Un vol. in-16 grand aigle, tiré à 2. 500 exemplaires numérotés sur papier pur chiffon, de la collection des Chefs-d'Œuvre méconnus (Bossard, éditeur, 43, rue Madame, Paris) : 12 francs.

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