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LE FLEUVE DE FEU

« Tout ce qui est au monde est concupiscence de la chair, ou concupiscence des yeux, ou orgueil de la vie. »

St-JEAN (Ire épître, 2, 16).

« Malheureuse la terre de malédiction que ces trois fleuves de feu embrasent plutôt qu’ils n’arrosent ! »

Pascal.

« O Dieu... qui oserait parler de cette profonde et honteuse plaie de la nature, de cette concupiscence qui lie l’âme au corps par des liens si tendres et si violents ? »

BOSSUET.

Si tu doutes qu’une jeune fille bien née et parfois dévote puisse descendre jusqu’où tu vois GISÈLE DE PLAILLY, songe à ton âme éprise de Dieu, mais qui toujours aima plus ardemment ses souillures.

I

De sa fenêtre, Daniel Trasis vit que l’herbe dévorait les allées. Aucun autre voyageur que lui dans cet hôtel de second ordre. Les flancs vivants de la montagne épandaient l’animale odeur des châtaigneraies quand elles fleurissent. Un troupeau pressé arracha à la route une poussière qui