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628 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

la fois spatiale et chronologique, que saisit notre conscience (par tranches de deux millièmes de seconde à douze secondes dans la quatrième dimension, dimension temporelle.) Cela pourrait être vrai de la perception intérieure, aussi bien que de la perception extérieure, car, une émotion est toujours accompagnée de réflexes, un sentiment d'un état du tonus mus- culaire et, plus généralement, un phénomène psychologique de phénomènes physiologiques, c'est-à-dire spatiaux. Mais M. Bergson dissocie, ne retient que l'élément subjectif (la conscience) et l'élément temporel, puis refait une union indis- soluble des deux, les confond même, et déclare que cette union, cette confusion, est une donnée immédiate appréhendée dans une intuition.

La solution du problème psychologique du temps, que je me suis borné à esquisser ou à suggérer, s'accorderait avec la solution einsteinienne du problème physique. Toute la physi- que d'Einstein tend à prouver que, dans la réalité physique, le temps et l'espace ne sont pas dissociables. Le monde phy- sique est un mixte insécable de l'un et de l'autre. Il y a un continu spatio-temporel, l'Univers de Minkowski. Bien plus, non seulement le temps et l'espace sont interdépendants, mais encore ils sont indissolublement liés à de la matière et à de l'énergie. (Je serais presque tenté d'ajouter : et à de l'esprit, en tenant compte de tous les degrés possibles de subconscience et d'inconscience). Les propriétés métriques du continu spatio-temporel sont différentes dans l'entourage de chaque point spatio-temporel et conditionnées par la ma- tière qui se trouve en dehors de la région considérée. L'espace et le temps, comme le dit Minkowski, ne sont que des « fan- tômes » des « ombres vaines ». Il y a une union choses - espace -temps (J)ingraum\eiï) dont nous constatons les cova- riances. L'unique réalité, la seule donnée, objective, imper- sonnelle et invariante, est l'intervalle (le rayon de courbure). Même, à l'extrême rigueur, c'est peut-être beaucoup que de parler d'espace, de temps, de choses. Car toute description physique einsteinienne se résout en un certain nombre de propositions exprimant la concordance de quatre nombres, xi, X2, X3, X4, n'ayant aucune signification. On voit, sans que j'aie besoin d'insister, que (plus encore que, tout à l'heure,

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