Page:NRF 19.djvu/60

Cette page n’a pas encore été corrigée

RÉFLEXIONS SUR LA LITTÉRATURE

��L'AFFAIRE UBU

Il y a une affaire Ubu dont, lorsque mes pages paraîtront, mon voisin Maurice Boissard aura peut-être parlé ici depuis un mois, car un tas de raisons, topographiques et typographiques, font que mes réflexions, comme les rayons des étoiles loin- taines, ne parviennent aux populations que six ou huit semai- nes après avoir été émises *. Si j'en crois les feuilles qui m'arri- vent, certes les neiges et les glaces qui entourent le poêle hyperboréen où j'écris ne sauraient me donner qu'une faible idée du froid glacial où gelèrent devant le public tant de paro- les auxquelles nous faisions depuis un quart de siècle un sort illustre. On avait pu voir à Washington le mot familier à M. Viviani tomber dans le cadre d'un Waterloo authentique : celui du Père Ubu, sur ses six pattes, ne lui céda en rien. Si j'en crois M. Yandérem, ce Waterloo eut même son Wellington et son Blùcher, se saluant mutuellement vainqueurs dans les cou- loirs du théâtre. Un Bougrelas de la critique, qui avait milité contre la gidouille, et dont la plume s'était croisée avec le croc à merdre, recevait d'un air modeste les félicitations, et les : C'est votre journée !

Convenons d'ailleurs qu'en 1922 aussi bien qu'en 1896 on peut juger discutable l'idée de mettre Ubu sur un vrai théâtre. Le théâtre des Phynances était un théâtre de marionnettes. Et je sais bien que si j'avais été à Paris je ne me serais pas dérangé

��1 . Cette fois c'est trois mois, et entre-temps Boissard, sur Ubu, a passé la main à un jamulus.

�� �