Page:NRF 19.djvu/548

Cette page n’a pas encore été corrigée

re pauvre du jour, venant du ciel pâle, mais que le soleil n’éclairait pas encore, elle parut à Volôdia désirable, magnifique... Séduit, tremblant de tout son corps et se rappelant avec délices qu’il avait, sous la tonnelle, tenu dans ses bras ce corps merveilleux, il lui donna les gouttes en disant :

— Que vous êtes...

— Quoi ?

Elle entra dans la chambre et demanda en souriant :

— Quoi ?

Il se tut et la regarda, puis, comme sous la tonnelle, il la prit par le bras... Et elle le regardait, souriant et attendant ce qui allait arriver...

— Je vous aime... murmura-t-il.

Elle cessa de sourire, réfléchit et dit :

— Attendez, il me semble que quelqu’un vient. Oh ! ces lycéens, fit-elle à mi-voix, en allant vers la porte et regardant dans le couloir. Non, personne...

Elle revint.

Il parut ensuite à Volôdia que la chambre, Nioûta, l’aube et lui-même se fondaient en un unique sentiment de bonheur aigu, extraordinaire, inconnu, pour lequel on peut sacrifier sa vie et endurer le tourment éternel. Mais en une demi-minute tout disparut. Volôdia ne vit plus qu’une grosse figure, laide, déformée par un sentiment de répulsion, et il sentit tout à coup, lui-même, de la répulsion pour ce qui venait de se passer.

— Pourtant il faut que je m’en aille... dit Nioûta regardant Volôdia avec dégoût. Vous m’êtes odieux... vilain caneton !

Comme Volôdia trouvait affreux maintenant ses longs cheveux, sa blouse large, ses pas, sa voix... « Vilain caneton, pensait-il quand elle partit. Véritablement, je suis laid... Tout est laid. »

Le soleil, à présent, se levait. Les oiseaux chantaient bruyamment. On entendait, au jardin, marcher le jardinier et grincer sa brouette... Peu après, on entendit le