C’est du muguet, et Lili demande de la morphine. Votre fils dort-il ? Demandez-lui de chercher...
C’était la voix de Nioûta. Volôdia eut un frisson. Il passa son pantalon rapidement, jeta sur ses épaules sa capote et approcha de la porte...
— Vous comprenez, expliqua Nioûta à voix basse, la morphine ! Ce doit être écrit en latin sur la fiole. Réveillez Volôdia ; il trouvera...
Maman ouvrit la porte et Volôdia aperçut Nioûta. Elle avait la même blouse qu’en revenant de se baigner. Ses cheveux, non coiffés, étaient épars sur ses épaules. Sa figure endormie paraissait brune dans la pénombre.
— Tiens, Volôdia qui ne dort pas... dit-elle. Volôdia, mon petit, cherchez la morphine dans le chiffonnier. C’est une vraie malédiction, cette Lili... Toujours quelque chose.
Maman marmotta quelques mots, bâilla et sortit.
— Cherchez donc, dit Nioûta ; pourquoi restez-vous planté ?
Volôdia alla au chiffonnier, se mit à genoux et commença à remuer les fioles et les boîtes de médicaments. Ses mains tremblaient, et il avait la sensation que des vagues froides parcouraient sa poitrine et ses entrailles. L’odeur de l’éther, de l’acide phénique et des diverses herbes, qu’il touchait au hasard, l’entêtait et le suffoquait.
« Il me semble, pensait-il, que maman est partie... C’est bien, c’est bien...
— Trouverez-vous bientôt ? demanda Nioûta marquant de l’impatience.
— Tout de suite... Voilà, c’est je crois la morphine, dit Volôdia, lisant sur l’une des étiquettes le commencement du mot... Tenez !
Nioûta était sur le seuil, un pied dans le corridor et l’autre dans la chambre. Elle mettait en ordre ses cheveux, difficiles à arranger, tant ils étaient épais et longs, et elle regardait distraitement Volôdia. En sa blouse ample, ensommeillée, les cheveux défaits, dans la lumiè