484 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
Depuis quelque vingt ans, le nommé Marc Lefort Est mécanicien sur la ligne du Nord.
Mais ce qui sauve l'auteur du Coffret de Santal, c'est d'être, malgré ses faiblesses et ses imperfections, un poète vraiment sensible. Un autre n'aurait pas écrit ces vers délicieux et puérils sur Un Miroir :
Toutes les fois, miroir, que tu lui serviras A se mettre du noir aux yeux ou sur sa joue La poudre parfumée, ou bien dans une moue Charmante, son carmin aux lèvres, tu diras :
«/£ dormais reflétant les vers, que sur V ivoire Il écrivit... Pourquoi de vos yeux de velours, De votre chair, de vos lèvres par ces atours, Rendre plus éclatante encore la victoire ? »
Alors, si tu surprends quelque regard pervers, Si de l'amour présent elle est distraite ou lasse, Brise-toi, mais ne lui sers pas, petite glace, A s'orner pour un autre, en riant de mes vers.
Charles Cros a chanté l'amour, ses plaisirs et ses peines et il est très doux de lire ses vers d'une voix discrète, émue et qu'on voudrait soutenue par un clavecin mélancolique, dans un bou- doir rose et fané, à quelque jeune femme sensible dont on est aimé sans le savoir et qui ne saura jamais qu'on l'aime.
GEORGES GABORY
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��AQUARELLES, par Emile Henriot (Emile-Paul).
J'aime les frais matins peuplés de tourterelles, Les ciels purs et lavés comme des aquarelles, L'azur, tout ce qui chante et tout ce qui sourit, L'humble lilas qui s'ouvrent doucement fleurit, L'oiseau comme un désir posé de branche en branche, Et, dans un jardin clair, avec sa robe blanche...
Après une telle profession de foi, on n'attendra pas de M. Emile Henriot des sentiments rares ou des images imprévues. Il aime à poursuivre sous les saules la muse, habitante des coteaux modérés. Elégiaque avec discrétion, matérialiste et panthéiste sans trop de rigueur, il rencontre de fermes accents
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