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notes 479

On aurait aimé que Marcel Barrière, après un rapide aperçu de Tltalie de la Renaissance, des cours de François I er et de Louis XIV, de la Régence et de la Révolution, eût dit^quel- ques mots des déformations de l'amour, « déformations pro- fessionnelles », si l'on peut dire, qui conduisent Valmont ^à la recherche de la torture et précipitent ses successeurs dans le stupre du sadisme. Et que n'a-t-il repris un passage de Y Art des Passions, où sont étudiées les incarnations de Don Juan au cours des âges ainsi que les nombreuses déviations du donjua- nisme?... Mais l'auteur avait beaucoup à dire sur le Donjua- nisme Contemporain, ou, du moins, sur le séducteur étudié d'après nature. Il l'aborde presque immédiatement, et, pour dissiper la confusion qu'il sait être néfaste à son héros, il com- mence par distinguer du vrai Don Juan l'homme-à-femmes et les multiples subdivisions du Séducteur. Le premier, impéné- trable, est pour les femmes une éternelle énigme, et la consti- tution même de sa nature est de ne pas subir d'ascendant. Il ignore la jalousie comme le grand homme de guerre ignore la peur ; contrairement à l'homme-à-femmes, il s'applique à ne point paraître ce qu'il est. L'un s'impose et l'autre n'a que des obligations. Le fréquent parallèle de Marcel Barrière est ingé- nieux et dénote de l'expérience ; mais le suivra-t-on quand il soutient qu'au physique Don Juan doit être d'une anatomie irréprochable ? On convient, quant au visage, « qu'il est au- dessus ou au-dessous du joli-garçon », qu'il lui suffit d'avoir de la « physionomie » et des « yeux magnétiques ». Les yeux du portrait de Maraha, à la Caridad de Séville, et ceux du portrait de Casanova par son frère. Quant à la perfection corporelle, il suffit d'invoquer la difformité du Prince de Conti, la maigreur et le délabrement du Duc de Richelieu, lequel, en outre, était grêlé ; le pied bot de Lord Byron, ou encore la gibbosité de Mayeux, cette incarnation populaire de Don Juan sous la Res- tauration. Il est vrai que ce dernier est un produit imaginaire de la littérature de colportage, et qu'il est plutôt un bouffon lubrique. On fera les mêmes remarques sur le chapitre IV de la Beauté des Femmes, où il est parlé de l'âge, de la cambrure du pied et de la forme du sein. L'on ne devra guère le prendre que comme un hors d'oeuvre de dilettante. D'ailleurs, le critique lui-même convient en maint passage de son livre que ni le rang

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