PROJECTIONS OU APRES-MINUIT A GENEVE 443
sa cigarette. J'aime son rire de jeune roi et ses dents tran- chantes qui luisent. Ses vives mains spirituelles caressent Mania qui s'offense.
« Cette coquine a assisté aux mystères des Croyantes Nues ! À propos il faut que je vous montre le fouet litur- gique de Grigori le maître aimé de notre Impératrice. »
Mania saute sur le lit. Elle joue avec les cordons d'un gros dossier. J'épelle ces mots gravés sur le carton noir :
Pétroles. Sassoon. Fayçal.
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��Sur le Steinway il y a les portraits dédicacés du grand rabbin de Cracovie de Lloyd George et de Charlie Chaplin. Dans un cadre d'or massif orné] de cabochons byzantins sourit la Grande-Duchesse T..., admirable blonde en cos- tume de cour.
« Une femme d'élite, soupire le bolchevik, et quel puis- sant coup de reins ! Dites-moi, voulez-vous arrêter Mos- cou qui bavarde ? »
Il m'indique un récepteur Marconi-Matley déroulant son ruban imprimé sur un fauteuil américain creusé de nom- brils. Il dit :
« Tchitché m'embête. Tous m'embêtent, tous bavardent. Qu'est-ce que je fiche avec cette bande ? »
Il regarde ses belles mains crispées de violoniste.
« Je suis si intelligent. Si intelligent. Si fatigué. Et mon âme est triste, triste cette nuit. Ah ! je ne sais plus rien. Tout est sottise, tout est folie et poursuite dti vent.
« Ce télégraphe m'ennuie. Tourne la clef de cuivre, mon petit. »
J'obéis et les mignons hoquets s'arrêtent.
La voix d'Altovsky se fait dure :
« Allez vous coucher maintenant. Vous êtes de la race
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