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PROJECTIONS OU APRES-MINUIT A GENEVE 441

�� ��Lippe basse, je m'enfonce dans l'auto.

Pourquoi l'obéissance de ces gens ?

Pourquoi ce chauffeur courut-il vers la manivelle avec une célérité affectueuse et courbée ?

Pourquoi, ouvrant une bouche charmée d'avance, atten- dit-il l'adresse de mon hôtel ?

Pourquoi, lorsque je répondis : Beau Rivage, m'approuva- t-il comme pour s'excuser d'avoir demandé ; d'avoir supposé une résidence moins luxueuse.

��L'auto m'enlève sur ses seins bleus et s'essouffle en pul- sations feutrées. Ses pneus flatteurs m'évitent toute peine et me font faire la dodelinante prière.

Prévenante automobile, tu obéis à ceux qui ont des ima- ges dans les portefeuilles de cuisse grise.

J'ai beaucoup de ces images. Mon grand-père savait acheter la vie et la joie de beaucoup d'hommes pour quatre francs par jour.

En face les rives de Savoie clignotent. Voici l'hôtel.

��*

��Je voudrais m'agenouiller et baiser le portier qui vient à pas endormis.

C'est un de ceux qui vendent leur vie pour quatre francs.

Les yeux presque fermés, ivre de fatigue et non d'Old Scotch, le saint homme cesse ses reniflements pour s'in- cliner devant moi.

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