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NOTES 381

trop élevé et l'on ne pouvait guère se griser à moins d'une cen- taine de francs par personne, ce qui est excessif à Montparnasse. Aussi la fête ne put-elle prendre une allure d'orgie.

Des farandoles tournoyaient autour des danseurs. Les visages pâlissaient sous le fard, les costumes se fanaient. Des prix furent décernés aux meilleurs, présentés par M. de Fouquières que des cris invitaient à se dévêtir. Il s'y refusa, faut-il le dire ? Une certaine « Yvonne » se mit nue, sur les instances réité- rées de quelques personnes de la société. Elle n'était pas très belle.

Les couples dansaient toujours mais plus las ou plus lascifs. C'était la fin du bal. Dans un coin, une dame déguisée en poème cubiste causait avec un diable à lunettes. Un moine se fit remarquer par sa pieuse attitude. Des pierrots complètement lunaires se tenaient mal. D'ailleurs on aurait pu reconnaître, sous la farine, les habitués de quelques bars où l'on encense l'Eternel Masculin. Le jour vint enfin. Que l'air était frais et pur et « que salubre était le vent » sur le boulevard Montpar- nasse, mais tout n'était pas fini pour tout le monde et des bon- nes fortunes diverses conduisirent à des lits de hasard ceux qui pourtant avaient bien mérité de dormir tranquilles.

Je suis rentré chez moi à neuf heures du matin, en smoking

et en foulard rouge.

  • *

Madame Héra Mirtel a vingt ans de travaux forcés, c'est-à- dire de réclusion. Que va-t-elle faire pendant cette retraite, la pauvre captive ? Broder des chaussons pour un mari futur ? Ecrire « ses prisons » ? Sans doute, et pleurer sur sa vie brisée. Ce Jury de la Seine a été bien sévère. Ne pouvait-il admettre cette humoristique opinion de Madame Héra Mirtel qu' « il n'y avait pas de coupable » et que, par conséquent, ce mauvais plai- sant de Bessarabo s'était suicidé, puis fourré dans une malle, simplement pour se moquer de la justice ? Madame Héra Mirtel n'a pas eu de chance, d'ailleurs M e de Moro-Giafferi a déjà perdu la tête de Landru. Mademoiselle Paule Jacques qui durant sa captivité à Saint-Lazare publiait dans Comœdia de si mauvais vers (je ne sais s'ils sont d'elle, mais sinon que celui qui les a faits reçoive le compliment), Mademoiselle Paule Jac-

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