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NOTES 3 6 1

en son privé Se privant de jouir, jouit de se priver.

On croit entendre, en lisant ce beau poème, un écho des strophes célèbres de Racan et aussi les anciens flûtiaux et musettes de Claude Gauchet. Le Royaume du vert célébré par le poète auvergnat a le flatteur éclat des tapisseries ourdies par l'auteur du Plaisir des Champs, et dont trois siècles n'ont pas effacé les riches couleurs. Il y règne un doux bruit d'abeilles sauvages, de meuglements lointains fondus dans un remugle de miel que rafraîchit le vent descendu des cimes neigeuses.

Le plaisir que nous donne cette poésie drue et fraîche ne doit pas nous empêcher de sentir tout ce qu'elle perd à se dis- perser. A ce beau et sain chèvrefeuille qui pousse de toute part ses antennes parfumées il faudrait le tronc d'un grand sujet. On peut attendre de M. Pourrat qu'il tente l'épreuve où échoua l'honnête Brizeux, où triompha Mistral.

ROGER ALLARD

��L'ALBUM ITALIEN, par Jean-Louis Vaudoyer (Librairie de France).

M. Jean-Louis Vaudoyer s'est essayé au jeu divertissant, mais périlleux, de ces transpositions d'art dont Baudelaire, avec les Phares, a donné le modèle. Il s'en est tiré souvent avec bonheur, imitant le tour léger des petites descriptions en vers dont La Fontaine allant en Limousin illustrait les lettres qu'il adressait à

sa femme.

Dans le vallon où la caresse Du soleil est lente à finir Une nymphe, pour s'en vêtir, Défait sa lourde et large tresse.

Un berger que l'heure rend triste Et que son troupeau ne suit plus Offre à la nymphe un chant confus Dont la riche langueur persiste.

...la musique, le mystère La volupté, ses tendres jeux Font de ce vallon, pour les yeux, Le portrait menteur de la terre.

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