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NOTES

��LITTÉRATURE GÉNÉRALE

LA MENTALITÉ PRIMITIVE, par L. Lévy-Bruhl (F. Alcan).

Les Fonctions mentales dans les sociétés inférieures, parues voilà douze ans, trouvent dans le présent travail du même auteur une confirmation et un complément. La corroboration mutuelle de ces deux ouvrages n'est pas seulement la consécration d'une grande œuvre : elle implique l'avènement à la positivité d'un ordre de recherches relativement récent, dont l'exploration pourra s'étendre à l'infini, mais dont la méthode, jusqu'ici incertaine, s'affirme désormais précise et sûre.

Dans son ouvrage antérieur, M. Lévy-Bruhl s'était proposé « la détermination des lois les plus générales des représentations collectives (y compris leurs éléments affectifs et moteurs) dans les sociétés les plus basses qui nous soient connues ». Il avait constaté que les « sauvages », peu sensibles à la contradiction, pensent beaucoup moins selon le principe d'identité que suivant une loi toute mystique de participation, caractéristique d'un stade « prélogique » de la mentalité humaine. De nouvelles illustrations de cette thèse générale nous sont aujourd'hui four- nies en abondance ; mais la curiosité de l'investigateur se porte avec prédilection sur la notion que se font de la causalité les peuples inférieurs, notion non moins mystique. Aux yeux de ceux que] l'on a supposés naguère plus près de la nature, rien n'arrive par des causes naturelles : tout événement résulte du caprice d'une force occulte, sur laquelle le magicien a d'autant mieux prise, qu'elle ne s'agrège pas à l'ordre objectif d'un déter- minisme universel. Aucune mort, aucune naissance n'est natu-

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