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LA CONFESSION DE STAVROGUINE[1]


CHAPITRE IX
CHEZ TIKHON
(Suite)


Il y avait en tout cinq feuillets ; l’un était entre les mains de Tikhon qui venait de le lire ; la dernière phrase n’était pas achevée. Les quatre autres étaient aux mains de Stavroguine qui attendait, et en réponse au regard interrogateur de Tikhon lui remit immédiatement la suite.

— Mais cette phrase non plus n’est pas complète, dit Tikhon en examinant la feuille. C’est le troisième feuillet, et il nous faut le second.

— Oui, c’est le troisième ; quant au second… Le second est censuré en attendant, répondit rapidement Stavroguine en souriant gauchement. Il était assis sur un coin du divan et fiévreux, immobile, ne quittait pas des yeux Tikhon pendant sa lecture.

— Vous le recevrez tantôt, quand… quand vous en serez digne, ajouta-t-il avec un geste qui voulait être familier. Il riait, mais faisait pitié à voir.

— Pourtant, au point où nous en sommes, le deuxième feuillet ou le troisième — n’est-ce pas indifférent ? fit observer Tikhon.

  1. Voir la Nouvelle Revue Française du ier juin.