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NOTES 24I

aucun tripatouillage, qu'on ne sait comment se montrer assez reconnaissant.

Tant que Pitoëff n'était à Paris qu'un hôte de passage, il pouvait compter, quelles que fussent les pièces qu'il jouât, sur un auditoire restreint mais averti. Etabli définitivement chez nous, il faudra qu'il s'appuie sur un public plus large, partant plus rétif, et qu'il adapte avec d'autant plus de rigueur son répertoire à ses moyens. 11 ne peut pas tout jouer, mais il est seul à pouvoir jouer, d'une façon vivante et suivie, tout un ensemble d'oeuvres qu'il faut que nous connaissions. Le succès de la Mouette ou des Bas-fonds montre que la curiosité n'est pas si difficile à éveiller. On peut détester une pièce comme Celui qui reçoit des gifles et ne pas regretter d'avoir eu l'occasion de juger, une fois pour toutes, la déplorable qualité du théâtre d'Andréief ; car rien n'est significatif comme l'engouement qu'à la veille de sa décomposition la Russie a éprouvé pour cet auteur. Presque tout le théâtre étranger (Strindberg, Gogol, Wedekind, etc.) reste pour nous une carrière à peu près inex- ploitée. A l'imposante série de pièces jouées cette saison à la Comédie des Champs-Elysées, d'autres séries doivent s'ajouter. De la sorte Pitoëff nous lavera quelque peu d'une ignorance qui nous couvre de ridicule et, ce qui est plus important, il travaillera à donner au public français quelques lueurs sur la sensibilité des peuples étrangers. C'est là, pour notre bonne conduite dans le monde, un point si capital et qui constitue pour nous une si grave faiblesse que rien n'est négligeable de ce qui peut contribuer à y remédier.

JEAN SCHLUMBERGER

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LES TROIS MIRACLES DE SAINTE CÉCILE suivis du MARTYRE DE SAINT VALÉRIEN, par Henri Gbéon (Société littéraire de France).

Comme il nous en avertit lui-même au commencement de la préface, l'auteur a pris le sujet de cette tragédie sacrée dans un ouvrage de Dom Guéranger, bénédictin : Sainte Cécile et la Société romaine aux deux premiers siècles. La joie, la douleur et la gloire de Sainte-Cécile sont représentées comme en un trypti- que « suivant l'ordre des mystères du saint Rosaire ». Nous

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