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SILBERMAXX 20 >

ment insupportable. Il portait vers ceux qui l'attaquaient naguère des regards presque mélancoliques, comme s'il eût regretté les âpres querelles soutenues contre eux. De mon côté, je me plaisais moins à cet état tranquille qui n'exi- geait plus de moi aucun service dangereux. Puis, dans le désert créé autour de nous, les petits ridicules de Sil- bermann grossissaient ; je veux dire que je les remarquais davantage. Souvent lorsque j'étais à côté de lui, son phy- sique, sa gesticulation, sa voix, me choquaient tellement que je me comparais à Robinson isolé auprès de Vendredi... Nos tête-à-tête languirent. Mais, à dire le vrai, ce fut un peu de mon fait. Chaque année, à l'approche des vacances, par une habileté mesquine que je ne m'avouais pas, je me détachais des amis que je m'étais faits au l) r cée. Je ne vou- lais point souffrir trop cruellement d'être séparé d'eux pen- dant les mois à venir. Et vers la mi-juin, en prévision de la morte saison, je réglais avec prudence l'économie de mon cœur et le fermais aux sentiments trop vifs.

(A Sltivir) JACQUES DE LACRETELLE

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