Page:NRF 19.djvu/165

Cette page n’a pas encore été corrigée

SILBERMANN

��i

��En troisième on passait au grand lycée. Il occupait la moitié de la construction totale et était identique à la par- tie où j'avais fait mes études pendant quatre années. Même cour carrée, plantée de quelques arbres, dont faisait le tour une haute galerie couverte, élargie à un endroit pour for- mer préau : même disposition des classes tout du long de cette galerie ; et sur les murs, entre les fenêtres, semblables moulages de bas- reliefs antiques.

Néanmoins, comme c'était la première fois, le matin de cette rentrée d'octobre, que je pénétrais dans cette cour, les choses me présentaient un aspect neuf et je portais de tous côtés des regards curieux. La pensée chagrine d'une indé- pendance qui expire me vint à l'esprit comme je remar- quais les portes et les croisées nouvellement repeintes. Leur couleur marron rouge était pareille à celle des jujubes que l'avant-veille encore je ramassais à Aiguesbelles, près de Nîmes, dans le jardin du mas. C'était là, chez mes grands parents, que nous avions passé les vacances ainsi que chaque année. Nous y restions jusqu'au soir du dernier dimanche, car ma mère se plaisait beaucoup à ces jours de cérémonie et de loisir qui lui rappelaient les réjouissances virginales de sa jeunesse. L'absence de mon père, qui rentrait à Paris au commencement de septembre, la rendait libre de les vivre de même façon qu'autrefois. Le matin, nous allions avec mes grands parents au temple. Au retour, ma mère ne manquait jamais de cueillir au gros figuier dont les vieilles racines noueuses étaient captives dans le dallage

�� �