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COMPOUND 300 HP N° 243



La maison Delambre et Cie, machines à vapeur, envoya l’été de 1919 l’ingénieur Somin visiter les industriels de l’arrondissement de Lille et leur offrir les services de la maison pour la reconstitution de leur force motrice. M. Somin fit un triste voyage car il avait l’amour de la construction mécanique et il vit beaucoup de machines abîmées. D’une 400 chevaux montée par lui à Armentières en 1909, il retrouva des débris bons pour le cubilot de fonderie. Le massif de soutènement était creusé par les obus. Il fallait refaire le bâtiment et le matériel :

« On y arrivera, dit le tisseur Delrue. Puisque je ne suis pas mort je relèverai tout. Si j’avais été tué, mes fils n’auraient pas renoncé. Préparez-moi un devis. »

Cette belle volonté, profitable à la maison Delambre et Cie, ne consolait pas M. Somin de la destruction d’un travail qu’il avait tant aimé :

« Nous ferons au mieux pour vous, dit-il, à un prix variable selon celui des matières premières et de la main-d’œuvre. Les contrats fermes d’avant la guerre ne sont plus possibles. Nous corrigeons en plus ou en moins nos factures définitives de 0 fr. 40 % pour chaque variation de 1 % du prix de la fonte hématique ; de 0 fr. 60 % pour le 1 % de la main-d’œuvre.

— Et le délai de livraison ? demanda l’usinier qui n’avait pas le goût du désespoir.

— Un an.

— Je ne resterai pas si longtemps sans rien faire. Je