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Adversité, raidit ; félicité, relâche[1].

Le meilleur vin, c’est le plus vieux ; la meilleure eau, c’est la plus neuve.

Prières, ne labourez pas ! Louanges, ne moissonnez pas ! Joies, ne riez pas ! Chagrins, ne pleurez pas !

Tête, le Sublime ; Cœur, le Pathos ; génitoires, la Beauté ; pieds et mains, la Proportion.

Tel l’air à l’oiseau, ou la mer au poisson, le mépris à qui le mérite.

Le corbeau voudrait que tout soit noir, et le hibou que tout soit blanc.

Exubérance : c’est Beauté.

Le lion serait rusé, si conseillé par le renard.

La culture trace des chemins droits ; mais les chemins tortueux sans profit sont ceux là mêmes du génie.

Plutôt étouffer un enfant au berceau, que de bercer d’insatisfaits désirs[2].

L’homme absent, la nature est stérile.

  1. (Damn braces ; bless relaxes) Damn comporte une idée de malédiction, de damnation ; bless, de bénédiction. Grolleau propose ici : le malheur enchaîne ; le bonheur délivre. Mais il me paraît que la pensée de Blake est ici faussée. Ce proverbe de l’enfer donne tout l’avantage à la malédiction, à l’adversité. « To brace », ne peut signifier : enchaîner ; son sens propre est ici : tonifier, (bracing air) galvaniser, tendre ; et s’oppose à « to relax » détendre, amollir.
  2. Plus exactement : des désirs inagis.