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126 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

nuité nécessaire, organique et dépassant les individualités. Proust ajoute un nouveau chapitre à ce que nous savions de la morphologie spiri- tuelle de la France, mais non pas en bouleversant les résultats des cha- pitres précédents, bien plutôt en les approfondissant et en les con- firmant.

��SUR LES COPAINS

D'une étude enthousiaste sur les Copains de Jules Romains, que publie la Revue de Belles- Lettres, détachons ce passage :

Les Copains sont pour nous une œuvre sacrée, mais qu'on ne se méprenne pas. Cela veut dire que nous croyons au côté profond, mys- tique de leur vie. Mais l'ironie, mais la « monture » qui est partie inhérente et non la moindre de leur personnalité nous est tout aussi sacrée. En analysant ce lyrisme, nous dissocions un tout, pour en sai- sir, séparés ou morts, les éléments composants. Mais notre admiration va au tout brut et complexe. Aussi quand nous refusons de voir dans les Copains une simple farce habile, ce n'est pas pour en faire un traité romantique. Nous prenons ce livre comme quelque chose de vivant et de complexe, où l'exaltation de la vie n'a rien de morbide, mais est baignée d'ironie parce qu'elle resplendit de santé. Ce pourquoi Romains l'offre pour Conseiller de la Joie et Bréviaire de la Sagesse facétieuse. L'ironie, la « monture », il faudrait montrer qu'elles sont là, non pas pour mitiger après coup une sentimentalité que l'auteur craindrait être excessive, mais parce qu'elle fait partie de sa vision poétique, parce qu'elle est un des éléments de son lyrisme

Que les deux facteurs soient mêlés, l'ironie cédant le pas à la fer- veur, puis comme avide de ses droits la rattrapant, la dépassant, les deux jouant à cache-cache et se démasquant tout à tour, voilà qui com- ble le plus pleinement notre attente

��LES ENTRETIENS D'ÉTÉ DE PONTIGNY

On sait qu'avant la guerre un comité dont M. Paul Desjardins était l'âme, organisait chaque été, dans le cadre magnifique de l'abbaye de Pontigny, des réunions où des esprits cultivés, de nationalités différentes, échangeaient à loisir leurs idées sur un thème de littérature ou de morale, à l'avance choisi comme programme. Dès 1910 les écrivains de la Nouvelle Revue Fran- çaise participèrent à ces « décades » et se rencontrèrent avec d'éminents représentants de la pensée étrangère.

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