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NOTES 107

principal les impressions, les expériences et les observations de l'auteur au cours de ses nombreux et longs séjours en Sicile. Au point de vue littéraire ils se rattachent directement à cet autre grand « Livre de voyages » : Les Alpes et les Sanc- tuaires au Piémont et du Tcssin de Samuel Butler. Bien qu'écrits après la mort de Butler, on y sent très souvent la présence invisible de l'auteur d'ErcwJnvi . quelque anecdote sur [va, une conversation avec des gens qui l'ont connu, et ce qu'il aurait dit en telle ou telle circonstance, viennent nous le rappeler. Mais sa grande ombre est discrète et s'efface vo- lontiers pour laisser le champ libre à l'ami qui lui survit. Sans doute l'esprit de H. F. Jones reflète et continue l'esprit butlérien, mais d'autre part H. F. Jones écrivain est plus observateur du détail, plus peintre, et à la fois plus superficiel et plus attentif que Butler. Avec tous les personnages, les incidents, les traits de moeurs qu'il y a dans ces trois livres, H. F. Jones avait la matière de plusieurs nouvelles et d'un roman de mœurs siciliennes. Il a préféré donner à cette matière la forme la plus facile et la plus modeste : la note et le journal de voyage. Ce qui n'empêche pas ses personnages d'être bien vivants, et bien à lui, et aussi familiers au lecteur que s'il les connaissait. On les voit, on les suit à travers quinze ou vingt étés de Sicile, on s'intéresse aux événements de leur vie privée, aux décès, aux mariages, aux naissances ; ou voit grandir les enfants. Grâce à l'institution sicilienne, — encore en pleine vigueur — du « parrainage », et grâce à laquelle le « compare », l'homme qui a été le témoin au mariage ou le parrain au baptême devient membre de la famille du mari ou du père, — Henry Festing Jones se trouve en fait apparenté, aussi réellement que par les liens du sang, à plusieurs familles de la bourgeoisie de plusieurs grandes villes de Sicile. (Cette institution est probablement une sur- vivance des mœurs grecques : Achille était, en somme, le compare de Patrocle.) Ces notes et ces fragments de journal ne sont donc pas des impressions de touriste, mais des frag- ments de la vie d'un habitué du pays, d'un homme qui a vécu de la vie du pays, d'un Anglais qui a fini par devenir quelque peu sicilien. Aussi n'y trouve-t-on pas, ou presque pas, — surtout dans les deux derniers, de traces — je dirais

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